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Enfance |
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Naissance de Tony Gatlif (de son vrai nom Michel Dahmani), un certain
10 septembre 1948 dans la banlieue d'Alger d'une famille de gitans andalous.
Il découvre le cinéma lors de ces trop brefs passages
à l'école car il passe le plus clair de son temps dans
les rues. Il est illétré et apprenti voyou mais les souvenirs
de cinéma ne le quitte plus. A l'âge de douze ans, et afin
d'éviter un mariage arrangé, il part pour Alger. Il prend
ainsi ses distances avec la famille et travaille en exercant le métier
de cireur de chaussures. Il passe ainsi le début de son enfance
jusqu'au tournant des années soixante. |
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Des
souvenirs de sa jeunesse, Tony Gatlif raconte:
"On
était près de 500 enfants. On vivait dans la rue, libre.
On détestait l'école, ses grillages, ses bancs. On ne
voulait pas être enfermé." Alors les autorités
menacèrent de ne plus verser les allocations familiales à
ceux qui n'envoient pas leurs enfants à l'école. Échec.Elles
tentent ensuite de substituer la carottes au bâton et promettent
lait et farine aux élèves assidus. Échec encore.
C'est l'instituteur, qui trouve la solution. Il achète un projecteur
16 mm, inscrit l'école au ciné club Jean Vigo et toutes
les semaines, projette un film qui sert de matière première
aux cours.Voilà ma culture cinématographique. Toute ma
carrière je la dois complètement à cet instituteur,
qui m'a avoué il y a quelques années qu'à l'époque
il soutenait le FLN." |
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Vers l'âge de quatorze ans il débarque en France, il vadrouille
entre Marseille et Paris. Sans un sous, enfant de la rue, il rencontre
la délinquance, les maisons de redressement. (Une expérience
qui va lui servir pour l'écriture de son premier scénario
: La Rage au poing). Mais Tony Gatlif a une bonne étoile. Alors
qu'il séjourne dans une maison de correction en région
parisienne et grâçe à la complicité d'un
medecin il arrive à s'inscrire à un cours de théatre.
En se remémorant ses séjours en maison de correction il
déclarera plustard:
"Là,
pour la première fois, l'Etat s'est interressé à
moi, parce que j'étais un rebelle."
Sur
les Grands Boulevards, dans la journées, il profite des cinémas
pour dormir au chaud.
"Je
me souviens d'avoir dormi comme une masse pendant les quatre séances
de A bout de souffle." |
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Année
1960 |
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1966,
un soir il décide d'aller voir son idole, Michel Simon, qui jouait
dans une pièce de René de Obaldia et à la fin du
spectacle, il se glisse dans la loge de l'immense acteur
"Je
pensais que c'était du cinéma. Quand le rideau s'est ouvert
sur cette grande boite lumineuse, avec le vrai Michel Simon, ce fut
un choc Quand
tous les admirateurs sont partis, Michel Simon qui se démaquillait
s'est tourné vers moi en me demandant ce que je voulais. Je lui
ai répondu : "je veux faire du cinéma. Est-ce que
vous croyez que c'est possible? Il m'a dévisagé un long
moment, puis avec cette voix énorme : bien sûr que c'est
possible"
Dans
la foulée, le comédien lui écrit une recommandation
à l'attention de son impresario. Tony Gatlif intègre un
cours d'art dramatique à Saint-Germain-En-Laye. Ne sachant quasiment
pas lire, il apprend ses premiers textes phonétiquement. Cinq
ans plus tard il est sur la scène du TNP dans une pièce
d'Edward Bond mise en scène par Claude Régi, avec Hugues
Quester. L'autre débutant du spectacle s'appelle Gérard
Depardieu.
"Quand
on travaillait la lecture, avec Gérard, c'était à
celui qui lirait le plus mal. Alors il s'arrangeait toujours pour passer
derrière moi."
Parallèlement
au spectacle, Tony Gatlif écrit son premier scénario,
La rage au poing.
"Depardieu
se foutait de ma gueule tous les soirs. "Alors, t'es le nouveau
scénariste du siècle. T'as un rôle pour moi?"
il faut reconnaître que j'écrivais ça sur une machine
à écrire de gosse, en plastique. Cela ne faisait pas sérieux." |
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Année
1970 |
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1973,
il réalise son premier court-métrage avec Jacques Villeret
et Coline Serreau. Puis il enchaîne les productions sans moyen.
Alors que Gérard Depardieu tourne le film de Bertrand Blier les
Valseuses en compagnie de Patrick Dewaere, Eric Le Hung réalise
le film tiré du scénario de Tony Gatlif 'La rage au poing'.
Scénario inspiré par l'expérience des maisons de
redressement de son auteur.
1975,
la tentation de tenir une caméra se fait pressente et il réalise
un premier film inédit La Tête en Ruine.
1978, il tourne La terre au ventre
qui évoque la guerre d'Algérie vécue par une mère
pied-noir et ses quatre filles.
"A
cette époque, se souvient Tony Gatlif, j'étais fasciné
par l'histoire d'Andreas Baader et j'ai tourné ce film sur la
révolution algérienne en pensant à lui." |
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Année
1980 |
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1981,
il tourne en Espagne, avec des Gitans de Grenade et de Séville,
Corre Gitano - film inédit en france-
"
Un film raté, estime le réalisateur, parce que j’ai pris le flamenco
en spectateur, en aficionado, alors qu’il faut le vivre de l’intérieur.
Le premier film dans lequel je revendique ma condition gitane. C'est
un film qui dit : 'Je suis Gitan. Malgré tout, les persécutions, le
mépris, je suis Gitan. J'existe, nous existons.'"
Il
obtient son premier réel succès avec son film 'Les Princes' dont le
sujet porte sur les Tsiganes sédentarisés de la banlieue
parisienne. Tony Gatlif porte un regard sans concession sur cette communauté
livré à la pauvreté et au rejet. Ce film pour le
réalisateur est un film coup de poing. |
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Un
direct efficace, élégant, qui sèche le spectateur
et impose un cinéaste, une patte, un auteur. Un film qui marque
la rencontre de Tony Gatlif avec un homme qui a beaucoup compté
pour lui, Gérard Lebovici.
"
Le premier film dans lequel je revendique ma condition gitane. C'est
un film qui dit : 'Je suis Gitan. Malgré tout, les persécutions, le
mépris, je suis Gitan. J'existe, nous existons.'"
"Au sujet de Gérard Lebovici, ce mec c'était l'impresario
de Belmondo, le créateur d'Art Média. Je ne voyais pas
ce qu'on pouvait faire ensemble. Il a tellement insisté pour
voir lr pré-montage des Princes que je lui ai montré.
A la fin de la projection, il m'a dit qu'il serait très malheureux
de ne pas prendre ce film. et là, j'ai rencontré une autre
facette de cet homme. Quelqu'un qui me rappelait mon instituteur. il
a fait voir le film à Guy Debord, le père des Situationnistes
qui a écrit des slogans du style "Les Princes ne trahissent
pas.", qu'on a placardé sur les murs de Paris. Lebovici
est le premier à avoir compris tout ce qu'il y avait dans ce
film.'"
Il réalise par la suite trois films qui l'éloignent momentanément du
monde des gitans. Dans la foulée, le producteur lui propose de réaliser
un long métrage sur Jacques Mesrine. Projet qui n'interresse pas le
réalisateur. Lebovici lui donne alors carte blanche.
1985, il écrit et réalise Rue du
départ, l'histoire d'une fugue, celle de Clara (Christine Boisson),
une adolescente qui cherche dans l'errance l'image de son père où le
réalisateur confirme son absence de complaisance et son sens de la révolte.
"Ce film, c'est un cri, un cri sur l'amitié.
Je l'ai fait pour Guy Debord et Gérard Lebovici."
1988, il enchaine avec Pleure pas
my love qui est une réponse à tous ceux qui lui reproche de ne parler
que de marginaux. C'est un conte dans lequel Tony Gatlif se révèle un
étonnant peintre des sentiments. Une histoire d'amour d' un jeune projectionniste
pour une actrice. |
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Année
1990 |
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1990,
il réalise Gaspard et Robinson. La trame de ce film repose sur
l'errance d'un chauffeur routier et d'une vieille femme abandonnée.
Une comédie sociale basée sur une histoire d'amitié
sur fond de chômage.
1992, Tony Gatlif retrouve le monde
des gitans et se lance sur un projet qui lui tient immenssement à
coeur. Latcho Drom oscille entre le film et le documentaire. Son but
est de nous livré les pélegrinations de son peuple en
musique dont le point de départ est l'Inde et le Rajasthan. Avec
une équipe réduite, sa quête va durée un
an et cette dernière va traverser plusieurs pays: l'Egypte, la
Roumanie, la Hongrie, la France et pour finir et mettre un terme au
voyage l'Andalousie en Espagne et même l'Afrique du Nord. Ce long
périple est en quelque sorte un voyage aux sources de la culture
rom où le réalisateur passe en revue toutes les déclinaisons
et toutes les intrumentalisations possibles de la musique tzigane. Mille
ans d'histoire. |
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"Pour
moi ce film est un hymne. Au sens premier du terme. Un film qui recrée
un lien, à travers la musique, pour l'ensemble du peuple tsigane."
1994, Tony Gatlif signe une comédie
dramatique est c'est encore une rencontre, celle d'une oeuvre et de
son auteur, Jean-Marie G. Le Clezio qui détermine son film suivant,
Mondo, l'histoire d'un enfant de dix ans, sans famille qui débarque
à Nice.
1995 - 1996 Tony Gatlif réalise
deux documentaires respectivement pour Canal+ et Arte.
"Lucumi", le Rumbero de Cuba pour Canal + et "I Muvrini",
polyphonie corse pour Arte
1997,
Tony Gatlif consacre un troisème film après Les Princes
et Latcho Drom sur le monde des gitans: Gadjo Dilo. Cette dernière
oeuvre va rencontrer un succès auprès du public et recevoir
de l'ensemble des festivals qui l'on accueilli, enthousiasme et récompenses.
1999,
le film Je Suis Né d'Une Cigogne n'a pas reçu un très
bon accueil. Le sujet porte sur les sans-papiers et les immigrés.
Tony Gatlif prend des risques tant sur la forme que sur le fond. Une
total liberté y est présente et c'est sûrement cette
dernière qui en a pertubée une grand nombre de spectateurs.
Il fallait oser faire parler une cigogne qui plus est de nationalité
arabe. Certains crient au génie, à l'anti-conformisme,
à une certaine poésie d'autres parlent d'un discours simpliste
et plutôt niais.
"A
ce jour, aucun festival n'a voulu de ce film, sans doute à cause
de la scène des 'Pigeons d'or' |
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Année
2000 |
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2000,
Vengo est sur les écrans. Pour le réalisateur, lidée
dun film sur le flamenco remonte à 1981, lannée
où il a tourné à Madrid Corre Gitano avec la participation
du théâtre andalou. La vraie question (et la gageure de
Vengo) était: comment mettre en image quelque chose que se sent,
qui se vit mais qui ne se voit pas ? Tony Gatlif trouve la réponse
en éliminant le folklore qui est souvent lié au flamenco.
Il en résulte un film brute où la musique et la dance
ne font plus qu'un. L'émotion est omiprésente, à
fleur de peau, épidermique. C’est avant tout grâce à Antonio
Canales, célèbre danseur andalou, que Gatlif est arrivé dans Vengo à
transmettre cet esprit du sud.
"Je disais à Antonio (Canales) : Ne joue
pas, tu es le flamenco." Vengo
se déroule en andalousie, le sud profond où les codes de l'honneur prennent
une telle proportion qu'ils peuvent amener à tuer. Vengo est un drame
dont l'idée de mort est présente tout au long du film
et cette dernière jaillit en conclusion sur les dernière
images.
"Je déteste qu’on tue dans mes films, mais
pour Vengo, je n’avais pas le choix. Cette fin tragique était la seule
possible. La vengeance est au cœur des traditions du sud. Elle est enfouie
dans cette culture, aussi ancrée et aussi évidente que la jalousie.
Je suis né dans cette culture et j’essaie sans cesse de la traduire
à l’écran. 2001,
Swing comme toujours chez le réalisateur est un film à écouter tout
autant qu'à voir. La musique dans ce cas précis est du jazz manouche
dont le maître absolu en fut son créateur :Django Reinhart. L'histoire
est simple, peut-être simpliste mais la vie n'est-elle pas constituée
de petits riens. Se rencontrer, partager, échanger autour d'un
feu, d'une table avec la musique et la dance au centre du cercle.
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Année
2004 |
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2004,
“C'est énorme !!!” Tels sont les propos de Tony Gatlif à propos
de sa sélection en compétition officiel à Cannes.
L'impatiente qui monte durant tout le mois d'avril dans l'attente
de la confirmation
de cette sélection. C'est énorme, une fois l'information
confirmée.
Tony Gatlif est donc à Cannes ce mois de mai. Ce n'est pas
la première
fois puisqu'il y avait été présent en 1993 pour
la présentation du
film Latcho Drom où il avait obtenu le prix dans la section
Un Certain Regard. Mercredi 19 mai la montée des marches
s'effectue avec les acteurs Lubna Azabal
et Romain Duris. Un groupe de musiciens accompagne l'équipe
du film et déclenche quelques déhanchements et pas
chaloupés.Le Flamenco,
la fête et la joie bousculent le protocole un peu rigide du
tapis rouge.
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Samedi 22 mai clôture du festival de Cannes. Tony Gatlif est appelé sur
la scène du Grand Palais du festival et rejoins pour l'occasion
le metteur en scène égyptien Youssef Chahine.
"C'est énorme parce que je ne m'y attendais pas",
a dit le cinéaste en recevant son trophée, après avoir
remercié le président du jury Quentin Tarantino d'un vibrant: "Senor
presidente gracias".
Tony Gatlif a remercié Gille Jacob, Thierry Frémaux, toute l'équipe
du film et a mis en avant le cinéma d'auteur qui existe toujours grâce
à certaines personnes qui ont foix dans ce cinéma malgré le manque d'argent
et les prises de risques.
“Le film n'est pas né d'une
idée, mais du désir de me pencher sur mes propres cicatrices.
Il m'a fallu 43 ans pour retourner sur la terre de mon enfance – l'Algérie – 7
000 kilomètres sur la route, en train, en voiture, en bateau, à pied
et 55 000 mètres de pellicule”.
Mercredi
28 août 2004 sortie du film Exils. Romain Duris
joue pour la troisième fois dans un film de Tony Gatlif et il déclare:
"Je suis prêt à sauter
dans le vide pour Tony Gatlif. Je fais tellement confiance à Tony
que je signe pour le film sans même lire le scénario".
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«Exils» évoque le parcours de deux jeunes gens en
quête de leurs origines. L'histoire du film est étroitement liée
au parcours de Tony Gatlif.
"Ma mère est gitane, mon père
est arabe, je suis né en Algérie, et je l'ai quittée
une fois devenu adolescent. J'avais toujours refusé de consacrer
un film à ce sujet car j'avais peur de rouvrir des blessures dont
je craignais qu'elles ne soient pas encore cicatrisées. J' ai mis
du temps, mais maintenant, je crois
que ça
y est: je suis en train de faire la paix avec l'endroit d'où je
viens."
La bande son du film en vente depuis le 14 août est comme dans
chacun de ses films essentielle. Elle est inextricablement liée
aux images et en conséquence à l'histoire des personnages. Leurs
pensées, leurs émotions nous sont livrés par cette musique.
“La musique est quelque
chose de vital. Sans elle, je crois que je serais incapable d'exister,
et ce depuis que je suis tout gosse. Sans constituer le moins du
monde une religion, elle représente le seul vrai lien entre
les morts et les vivants, elle porte la joie, la douleur, la mélancolie
et l'amour sur les sommets de l'émotion”. |
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